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2016_03_02_note_ecoleEst-ce que les mauvaises notes découragent ? Faut-il faire comme la Finlande qui a supprimé les notes  en primaire ou la Suède qui a tenté l’expérience de la suppression totale?

Par Jean-François MICHEL

( Auteur « Les 7 profils d’apprentissage » Ed.Eyrolles 2005, 2013 )

 

Mauvaises notes et démotivation

Une mauvaise note n’a rien de motivant pour un élève, cela tombe sous le sens. Elle peut devenir vite un cauchemar pour l’élève qui peut se sentir nul et sombrer dans l’échec scolaire. La comparaison, les classements désignent, consciemment ou inconsciemment, les bons et les mauvais élèves forcément moins intelligents (même si cela est faux). La mauvaise note diffuse alors un message non verbal désastreux pour les élèves en difficulté : « je suis nul ». L’estime de soi est atteinte. Et le cercle vicieux de l’échec scolaire se met en place : « pourquoi faire un effort si je suis nul ? » se dit l’élève. Et voilà que la prophétie autoréalisatrice (ou effet Rosenthal) s’enclenche vers un cercle vicieux qui mène l’élève à l’échec scolaire. Se poser la question de la suppression des notes à l’école semble bien faire sens, d’autant que certains pays, bien classé dans l’étude PISA, en ont fait l’expérience

Échec et apprentissage

Il est impossible d’apprendre sans échouer, sans se tromper, sans faire d’erreur. Cela fait partie de l’apprentissage, de la progression. Et celle-ci n’est jamais linéaire. Mais cette progression il faut bien la mesurer, l’évaluer et l’apprécier à sa juste valeur. Alors on en revient à la question de la notion. Difficile d’y échapper que ce soit une échelle de lettres du type A, B, C, E (système anglo-saxon) de nombres (1à 4 en Allemagne) ou du 0 à 20 (système français).

Est-il impossible de se passer de notes à l’école ?

Remplacer la notation par des commentaires ne serait-il pas la solution ? L’expérience a montré que l’évaluation de la progression par les seuls commentaires donne lieu à toutes les interprétations possibles. Cette imprécision laisse libre cours à toutes les contestations de l’élève vis-à-vis de l’enseignant.
Décidément il est bien difficile d’échapper à la notation ! La Suisse, le Danemark et la Suède (Voir le dossier ici) qui ont fait l’expérience de sa suppression l’ont remis en place. En Finlande la notation est absente qu’en primaire et le débat persiste toujours sur sa suppression en collège et lycée.

On a l’impression à avoir affaire à la quadrature du cercle. Quelle solution alors adopter ? Le problème provient de la question qui est mal posée : ce n’est pas la note ou la notation qui est en cause, mais sa signification. En d’autres termes, la question n’est pas de savoir s’il faut supprimer les notes ou pas, mais comment celles-ci permettent d’encourager l’élève dans sa progression même quand sont mauvaises? Est-ce les mauvaises notes lui donne à l’élève qu’il est nul ou qu’il n’a tout simplement pas compris, que des progrès sont encore à faire ?

La clé est bien de donner une signification positive et motivante à la note. Cela peut paraître au final assez simpliste au premier abord. Mais c’est bien moins évident à mettre en pratique : l’élève, surtout quand il est jeune, a rarement la maturité pour prendre du recul. Même si l’enseignant à une bonne communication avec les meilleures intentions, le schéma de l’élève construit autour de croyances limitantes (comme le « je suis nul ») prendra toujours le dessus. On aura une conversation de ce type :
l’enseignant bien veillant « Il y a des choses que tu as comprises dans ton devoir, mais il y a encore beaucoup d’erreurs. »
L’élève à lui-même « Oui ! ok, j’ai encore une mauvaise note comme d’habitude. De toute façon je ne comprends jamais rien ! »

L’approche finlandaise : Climat de classe et individualisation

Alors comment faire ? L’approche du système scolaire finlandais (dans les premiers rangs de la performance éducative de l’OCDE) est intéressante : la pédagogie y est individualisée. Chaque élève apprend à son rythme dès son plus jeune âge (les enfants ont jusqu’à 9 ans pour apprendre à lire correctement). Le système éducatif finlandais s’adapte à chaque élève et n’impose pas un système. Pour arriver à cela, le taux d’encadrement est important avec des classes de petite taille (20 élèves en moyenne). Les moyens matériels suivent : salles de classe bien dimensionnées et lumineuses, espaces de repos, établissements scolaires de taille humaine. Le leitmotiv est que chacun a le droit d’échouer, a le droit de faire des erreurs. Il n’a rien de grave à cela.
Outre les moyens budgétaires importants, c’est l’éducation dans son ensemble qu’il faudrait alors repenser. Difficile à mettre en place et il faudrait beaucoup de temps.

Faire découvrir à l’élève sa façon d’apprendre

D’abord chaque élève doit comprendre que chacun append différemment. Mais s’arrêter à cette idée est bien insuffisant car cela reste trop abstrait, trop vague. L’esprit de l’élève préférera conserver son schéma souvent binaire du nul / intelligent.

Ensuite l’élève doit découvrir aux élèves comment ils apprennent concrètement et surtout de façon la plus simplement qu’il soit. Le but de l’outil des 7 profils d’apprentissage est bien là. Attention, les 7 profils d’apprentissage ne sont pas le seul outil possible. Il y a en a d’autres comme les intelligences multiples, le mindmapping etc. Tous ces outils se complètent.

C’est ainsi que l’élève pourra comprendre qu’une note n’a rien à voir avec ses capacités intellectuelles. L’élève en difficulté pourra sortir du schéma limitant « nul / intelligent pour constater et prendre conscience qu’il apprend différemment. Et c’est ce qui fait la différence. L’estime de soi chez l’élève en difficulté est préservée. Il lui sera facile de comprendre qu’une mauvaise note indique qu’il n’a pas assez travaillé (au contraire de certains de ses camarades), qu’il n’a pas compris le cours ou que sa méthode de travail n’est pas la bonne.

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