Dernière modification de l’article le 2 juin 2016 par Admin

2014_06_22_ulisQu’est-ce qu’une classe de type U.L.I.S ? Le dispositif, qui souffre d’une mauvaise image, a pourtant une véritable efficacité.

Une classe pas comme les autres

U.L.I.S. ou l’invitation au voyage ? C’est ce que ces lettres associées inspirent ou voudraient peut-être inspirer.

Afin de casser enfin les représentations collectives associées à la réalité de ces 4 lettres, énième sigle pour nommer à demi-mots une classe pas comme les autres. Dans les représentations collectives, dans les représentations de ceux qui ne savent pas, dans les représentations qui réduisent aux stéréotypes, une classe U.L.I.S. pourrait être une classe qui se limite à glaner quelques jeunes hors format, trop jeunes pour être lâchés par le système scolaire.

Des jeunes dont on ne tirera rien et qu’on tient au chaud parce que ce serait républicainement incorrect de les envoyer au froid. Voilà pour les représentations, souvent très éloignées des réalités.

 Classe U.L.I.S encadrée par un professeur spécialisé

C’est un professeur spécialisé qui encadre une classe U.L.I.S. C’est-à-dire un enseignant qui a reçu et qui reçoit en permanence une formation spécifique et adaptée à sa pratique d’accompagnement d’élèves différents des élèves qui cadrent avec un certain format.

Les modules de formation qu’il reçoit sont le produit de recherches qui, par le fait même qu’elles existent, contribuent à faire des élèves concernés par les classes spécialisées des élèves toujours plus éloignés des stéréotypes qu’on leur a collés sur le dos et qui, par processus d’identification, avaient fini par se coller sur le dos.

Les recherches contribuent à faire de ces élèves des élèves simplement différents, analysent ces différences afin de pouvoir instaurer des enseignements adaptés et constructifs. Envisagés autrement, ces élèves peuvent alors se concevoir autrement et découvrir que leur champ de possibilités est multiple et divers.

C’est parce qu’ils ne sont plus enfermés dans une identité donnée, enfermés dans une étiquette à laquelle il s’agit de coller, que ces élèves pourront ouvrir les portes qui leur permettent de définir leur identité, de définir qui ils sont et qui ils souhaitent devenir.

U.L.I.S. pour Unité Localisée pour l’Inclusion Scolaire

U.L.I.S. pour Unité Localisée pour l’Inclusion Scolaire. Les mots peuvent sembler peu engageants pour des parents déjà inquiets des risques de stigmatisation dont pourraient faire l’objet leurs enfants. Il s’agit alors de passer la frontière des mots, d’aller chercher ce qu’il y a derrière les mots.

C’est la rencontre avec un professionnel de la MDPH (Maison Départementale des Personnes Handicapées), avec un chef d’établissement, avec un enseignant spécialisé qui permettra d’humaniser les mots, de se saisir des bénéfices pour son enfant, de passer au-dessus des stéréotypes. Unité Localisée pourrait alors se comprendre comme un espace dédié à une prise en charge personnalisée.

Cette prise en charge personnalisée servirait la cause de l’Inclusion Scolaire c’est-à-dire que cette prise en charge permettrait à l’élève d’être et de rester membre d’une classe à vocation diplômante. C’est certainement dans le concept d’Inclusion Scolaire qu’est la clé de la réussite.

En effet, les élèves ne sont pas ghettoïsés, mis à part. Ils font partie d’une classe « normale » et, parfois, vont en classe U.L.I.S. Les enjeux en termes d’identité sont énormes. En effet, les enfants ont souvent tendance à s’identifier aux adjectifs qu’on leur attribue, aux étiquettes qu’on leur colle. Si on laisse entendre à un jeune qu’il est quelque part par défaut, parce qu’il n’a pas de place ailleurs alors il se construit avec cette idée qu’il ne trouvera de place nulle part et qu’il devra laisser les autres décider pour lui.

 Y croire dur comme fer

Ce projet de réalisation de soi est possible si les adultes qui l’accompagnent y croient dur comme fer. Ils savent que c’est possible parce que leur expérience professionnelle leur a démontré que c’est possible voire parce qu’eux-mêmes reviennent parfois de loin… Un projet de classe ULIS ne peut fonctionner que si l’environnement général est favorisant c’est-à-dire que les jeunes de l’établissement non concernés par ULIS portent un regard bienveillant, compréhensif et constructif sur leurs camarades d’ULIS. C’est donc tout un projet d’établissement qui est impliqué.

Une classe ULIS dans un lycée professionnel

La chef d’établissement, sur le site internet, présente une structure à taille humaine qui accompagne des jeunes à la recherche de formations adaptées au monde du travail. Mais aussi comme une école attentive au devenir de la personne pour mettre ou remettre en route ces jeunes souvent stoppés dans leur progression et leur développement par des difficultés aux multiples causes.

L’établissement DOIT être un lieu de soutien mutuel où le jeune se sent accueilli, accepté tel qu’il est, reconnu et valorisé. C’est écrit et que ce soit écrit engage sans doute davantage, donne des ailes face aux difficultés, aide à trouver des solutions. Peut-être est-ce ce qui manque à beaucoup d’établissements aujourd’hui, des écrits visibles par tous, des écrits qui engagent.

Le lycée propose 3 baccalauréats professionnels, en secrétariat, vente, services et soins à la personne ; 2 CAP, d’assistant technique en milieu familial et collectif et d’employé de vente ; une 4ème d’alternance ; une 3ème prépa pro. Les élèves qui fréquentent la classe ULIS sont au nombre de 8, deux jeunes filles en 1ère année de CAP d’assistante technique en milieu familial et collectif et deux jeunes filles en 2ème année, un jeune homme en 1ère année de CAP d’employé de vente et 3 jeunes hommes en 2ème année.

Pendant 4 semaines, leur professeure sera en formation, je serai là pour leur permettre de continuer à bénéficier d’ULIS, pas pour remplacer leur professeure. On ne remplace pas une relation. Car le premier outil de travail d’un professeur et d’autant plus d’un professeur spécialisé en ULIS est une relation.

Emploi du temps

Dans l’emploi du temps de la professeure, 6 heures par semaine (avec au moins 1 heure par jour) sont consacrées aux filles de 1ère année de CAP, 6 heures par semaine (avec au moins 1 heure par jour) aux filles de 2ème année de CAP, 6 heures par semaine aux garçons de 2ème année de CAP. 18 heures soit le temps hebdomadaire d’un professeur. 3 heures supplémentaires sont consacrées au travail de préparation et de coordination avec les professeurs.

Il existe une fiche de liaison que chaque semaine chaque élève fait remplir par ses professeurs afin d’informer la professeure ULIS des points à travailler. Mais une fiche de liaison ne saurait suffire et ne saurait se passer d’un temps de parole, de coordination orale entre professeurs. Quant au garçon inscrit en 1ère année de CAP, il bénéficie de 4-5 heures de classe ULIS et intègre un groupe de pairs à chaque fois.

Dossier et texte : Violaine VERDOUX 

 

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