Dernière modification de l’article le 30 avril 2018 par Admin

GF_2014_05_02_org_infoComment retenir un contenu ? À l’approche des examens comment organiser ses révisions et faire un travail de mémorisation efficace ? 

Vous êtes un(e) enseignant(e) passionné(e), un formateur qui aime son métier, et vous aimeriez donner des astuces, des conseils simples de méthodologie de travail aux élèves au moins dans votre matière.  D’autant plus que la période d’examen approche. Vous avez, peut-être, déjà vécu ce moment où vous les élèves vous demande des conseils de révisions.

Mais quel type de conseils donner ?  Pas très difficile : ce qui intéresse vos élèves c’est tout ce qui concerne la mémoire et la mémorisation. Vous me dire que vous n’êtes pas un spécialiste de la mémoire, difficile de donner des conseils concrets.

Il y a bien l’idée de faire des fiches. Mais c’est du connu, vous n’apprendriez rien de bien nouveau aux élèves.

Vous vous sentez un peu démuni. Et comme vous le savez peut être déjà, chaque élève apprend différemment : ce qui fonctionnerait pour vous, ne fonctionnerait pas forcément pour tous les élèves. C’est d’autant plus frustrant.

Mais n’y aurait-il pas tout de même une mémoire auditive et une mémoire visuelle ou encore kinesthésique ? C’est une fausse croyance sociétale, c’est ce que rappelle le spécialiste français de la mémoire, Alain LIEURY : il n’y a pas plus de mémoire auditive que de mémoire visuel ou encore kinesthésique.

Par contre,  dans le processus de mémorisation il y a toujours une constante. À  savoir que la mémoire fonctionne toujours de la même façon, quelque soit la façon d’apprendre de l’élève ou, autrement dit, quelque soit son profil d’apprentissage.

C’est ce que l’on va voir dans cet article.  Vous pourrez donner ensuite des indications à vos élèves pour bien mémoriser.

Raconter un film

Si je vous demande de raconter à voix haute à un ami le dernier film que vous avez vu, que se passe-t-il dans votre tête pendant que vous racontez ?

J’ai proposé cet exercice à de nombreux groupes d’étudiants et les réponses que j’ai obtenues ont été variées. Une minorité d’étudiants racontent directement le film de manière très organisée, selon un déroulement chronologique, ou bien selon un mode thématique, agrémentant ainsi le récit de leurs analyses personnelles.

Mais ceux qui procèdent de la sorte ont en général déjà vu le film plusieurs fois et ont, de ce fait, consacré du temps à l’analyser pour Ie comprendre. lls sont ainsi déjà passés par un processus d’organisation des informations et sont donc capables d’utiliser un «système de classement» pour procéder à une présentation claire et argumentée.

Mais je vous rassure tout de suite, la majorité des étudiants racontent leur expérience de la manière suivante:

– Ce sont d’abord des images fortes du film qui reviennent en mémoire: un moment particulièrement marquant, une situation intense en émotion, des effets spéciaux extraordinaires, une révélation déstabilisante dans le déroulement de I’intrigue.

– Les étudiants racontent alors à voix haute tout ce qui leur revient en tête, dans l’ordre où ils se rappellent les événements, même si la plupart font un travail d’organisation des données pour reconstruire une certaine chronologie.

– Au fur et à mesure qu’ils se souviennent, d’autres informations plus anecdotiques leur reviennent.

– Parfois, quelques retours en arrière et rectifications sont nécessaires.

Au final, c’est en racontant le film que progressivement ils se remémorent beaucoup d’informations.

Cet exercice met en évidence la force du principe des associations concernant le fonctionnement de notre mémoire. En effet, c’est parce qu’une information est logiquement associée à une autre que l’on parvient, en suivant le lien ainsi créé, à retrouver les connaissances les plus enfouies.

Les liens qui permettent de mémoriser et faire des révisions efficaces

Je tiens tout de même à préciser que ces liens qui permettent de mémoriser efficacement le contenu d’un film se créent si l’on a accordé une attention consciente à ce qui se déroulait sous nos yeux. Si vous avez suivi le film sans vous y intéresser, que vous avez régulièrement pensé à autre chose et laissé vagabonder votre esprit, les effets sur votre mémoire seront beaucoup moins probants.

Pour se souvenir il faut avant tout le vouloir, ou alors se trouver capté par une information qui ne nous lâche plus. Si le principe des associations se vérifie spontanément lorsque l’on regarde un film, comment l’automatiser au cours d’un apprentissage (un contenu de cours par exemple), et créer ainsi des « liens logiques » efficaces ? Il s’agit là de mettre sa capacité à créer des associations au service de sa capacité à mémoriser mais aussi et surtout au service de sa capacité à comprendre.

Si l’efficacité correspond à l’obtention du résultat attendu, un «lien logique» efficace, dans notre contexte, serait en effet un lien qui permettrait à la fois: de mieux mémoriser un contenu et de mieux Ie comprendre.

Mieux comprendre un contenu pour mieux le mémoriser

Lorsque vous faites revenir les informations dans votre tête, les images que vous avez créées (ou les phrases de l’histoire que vous vous redites) sont liées les unes aux autres grâce aux articulations générées par le récit. Chaque image s’articule à la suivante grâce à ces liens narratifs qui construisent la continuité de l’histoire.

Ainsi, même si ces liens sont arbitraires, au sens où ils sont uniquement le fruit de la fantaisie du conteur, ils permettent de stimuler un enchaînement spontané des informations. En revanche, si lier vos connaissances entre elles vous permet de mieux les mémoriser, cela ne vous permet pas nécessairement de mieux les comprendre. C’est important de l’intégrer dans les révisions d’examen.

Par exemple, quand vous cherchez à vous approprier un concept en philosophie ou une méthode de calcul en mathématiques, vous pouvez tout à fait tenter de vous raconter une histoire fantaisiste pour accrocher les informations et les mémoriser. Cependant, vous passerez à côté des « liens logiques » qui existent déjà dans le contenu que vous avez pour objectif d’apprendre.

Ainsi, si plutôt que d’inventer des liens logiques inédits, vous travaillez à mettre en évidence les liens logiques qui existent déjà dans votre contenu (concept, théorème, méthode de calcul, période de l’Histoire, etc.), non seulement vous construirez des articulations qui vous permettront de mieux mémoriser mais vous constituerez en plus dans votre esprit des liens qui vous permettront de mieux comprendre.

Lier des informations pour mieux les comprendre

Chaque champ disciplinaire, avant d’avoir donné lieu à la compilation de connaissances éparses, multiples et variées, a été constitué par des personnes ayant eu à cœur d’expliquer des phénomènes et de répondre à des questions.

Pourquoi la Terre tourne-t-elle autour du soleil ? Comment soigner une personne atteinte de la tuberculose? Pourquoi la France est-elle entrée en guerre contre l’Allemagne en 1914 ? Comment exprimer une émotion ou traduire des idées au travers d’un tableau ou d’une sculpture ? Etc.

Si vous travaillez à mettre en lumière ces liens logiques, non seulement vous utiliserez le principe des associations pour mieux mémoriser, mais vous constituerez également des liens qui vous permettront de mieux comprendre. La mise en lien des connaissances permet de mieux les mémoriser.

Pourtant, si des associations fantaisistes sont efficaces pour mémoriser à long terme, elles risquent de vous pénaliser en ce qui concerne la compréhension du contenu. Chercher à mettre en lumière les liens logiques qui existent déjà au sein de la discipline permet d’atteindre deux objectifs complémentaires pour celui qui apprend: mémoriser et comprendre.

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Pour le philosophe Gaston Bachelard, «toute connaissance est une réponse à une question». Cette affirmation met en lumière un procédé très efficace pour créer des liens associatifs qui permettent de mieux comprendre. Car si je construis une réponse qui me paraît cohérente eu égard à une question que je me suis moi-même posée, l’information obtenue s’inscrit dans ma mémoire spontanément.

Si je me pose une question, c’est que je poursuis un objectif. Et c’est en regard de cet objectif que les informations obtenues vont être reliées.

ll est impératif de préciser quel est l’objectif à poursuivre et de se demander quel est notre projet quand nous décidons de nous approprier une connaissance.

Et lorsque l’enseignant lui-même semble ne pas accorder d’importance à ce qu’il expose, la motivation de son public est rarement au rendez-vous.

Pourtant, si ces domaines, matières ou disciplines sont aujourd’hui enseignés, c’est nécessairement que de nombreuses personnes ont passé des années de leur vie à se questionner sur leurs contenus, ainsi qu’à chercher et trouver du sens à ses étudier. Et si certains ont eu à cœur de se pencher sur le sujet pendant des années, vous arriverez bien à retrouver les raisons de leur engouement, au moins pour quelques heures d’apprentissage et des révisions.

Je me souviens avoir eu à faire un exposé lorsque j’étais en deuxième année d’Histoire à la Sorbonne. J’avais reculé plusieurs fois ce moment de m’y mettre sérieusement parce que je trouvais que le sujet qui m’avait été donné était inintéressant. Et puis, la semaine précédant ma présentation, le dos au mur, j’ai finalement trouvé la motivation pour commencer à travailler. J’ai d’abord consulté un manuel qui résumait les différentes périodes de l’histoire que nous avions à étudier; puis un livre plus spécialisé sur le sujet que je devais traiter, puis un autre, et encore un autre, et encore un autre.

Plus j’ai pu prendre de recul, plus j’ai pu acquérir une vue globale de la période historique en question, plus les informations ont été à Ia fois organisées et reliées les unes aux autres dans ma tête, et plus elles se sont inscrites profondément dans ma mémoire. Cette première technique pour élaborer des fiches de révision en vue de mettre en évidence les liens logiques qui organisent un domaine de connaissances revient donc à repérer l’architecture globale du propos (d’un auteur au sein d’un manuel, d’un livre, d’un article ou d’un texte…).

Pour cela, vous devez vous poser les questions suivantes notamment durant vos révisions :

– Qu’est-ce que l’auteur cherche à montrer et (ou) à démontrer? Quel est son objectif ?

– Quelles sont les différentes étapes de sa démonstration ?

– Quelles sont ses affirmations ?

– Quels sont ses arguments ?

– Quels sont ses exemples ?

Exemple illustré

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Dossier et texte : Hélène Weber

Notes

Alain LIEURY : La mémoire visuelle, une croyance encore tenace

L’interview d’Alain LIEURY par Jean-François MICHEL : Existe t-il une mémoire visuelle, auditive ou encore kinesthésique ?

 

 

 

Hélène Weber est Psychologue clinicienne et docteur en Sociologie. Actuellement Hélène Weber travaille pour une école d’ingénieur afin de mettre en place un dispositif d’accompagnement des étudiants de première année en vue de les aider à s’adapter aux exigences des études supérieures..

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