Dernière modification de l’article le 7 juin 2016 par Admin

L’Université d’Harvard, qui profite des fonds de dotations les plus élevés aux Etats-Unis (35 milliards de dollars), a annoncé le 10 décembre qu’elle allait changer sa politique d’aide financière aux étudiants de classe moyenne.

Avec le nouveau dispositif, les étudiants dont le revenu familial est situé entre $60000 et $120000 ne paieront pas plus de 0% à 10% de cette somme pour régler les frais de scolarité chaque année. Ces frais seront fixés à 10% pour ceux dont la famille gagne entre $ 120000 et $180000. De plus, l’université prestigieuse du « Ivy League » voudrait remplacer le système de prêts par l’attribution de bourses, et ne comptabilisera plus la valeur résiduelle des biens immobiliers lors du calcul de l’aide financière aux étudiants.

Les frais de scolarité annuels, incluant le logement sur le campus à Harvard, s’élèvent à plus de $45600. Avec le nouveau système de calcul, une famille gagnant $120000 par an ne paierait plus que $12000 au lieu des $19000 actuels. L’administration de l’Université estime que cette réforme va réduire le coût des études de 30% à 50% pour de nombreux étudiants.

Selon Drew Faust, président de l’université, cette initiative vise deux catégories d’étudiants : ceux qui sont déjà à Harvard mais qui ont des prêts et des emplois qui les empêchent de profiter des activités extra-scolaires, mais également les élèves brillants qui ne postulent pas à Harvard à cause du coût trop élevé des études. Le coût des frais de scolarité pour ces étudiants serait alors comparable à celui d’universités publiques renommées.

L’annonce de cette nouvelle arrive alors que le Congrès effectue actuellement une pression sur les universités américaines. En effet, un projet de loi est en cours de discussion et obligerait les universités à utiliser un minimum de leurs fonds de dotation pour l’aide financière aux étudiants sous peine de perdre leurs exonérations de taxes.

La proposition d’Harvard suit aussi une vague de changements initiés par certaines universités qui souhaitent soulager le fardeau du prix des études. En 2001, Princeton avait déjà proposé un système équivalent en calculant les frais de scolarité selon les revenus familiaux, avec des coûts s’élevant entre 5% et 20% pour les ménages gagnant entre $120000 et $180000. Dans la majorité des cas, les aides accordées par Harvard sont plus intéressantes.

Columbia à New York, Williams et Amherst ont également mis en place un système de bourses en remplacement du système actuel de prêts. Stanford a débloqué 5 millions de dollars pour financer l’aide aux étudiants dont les familles gagnent entre $60000 et $135000. Duke a annoncé début décembre que l’université allait supprimer les frais d’inscriptions payés par les parents des familles qui gagnent moins de $60000 et que les étudiants dont les revenus familiaux sont inférieurs à $40000 auront chacun une bourse.

Harvard, avec des fonds de dotations beaucoup plus importants que ceux des autres universités, a des facilités financières pour faire ce genre de geste. Même Yale avec ses 22,5 milliards de dollars, se retrouve en deuxième position avec 12 milliards de moins qu’Harvard. Selon des experts, la plupart des universités n’auraient pas les moyens de faire ce même changement de politique d’aide financière. L’administration de l’université a prévu que le nouveau dispositif fasse augmenter les dépenses consacrées aux aides financières de 22 millions de dollars, elles passeraient ainsi de 98 millions à 120 millions.

Selon les critères actuellement en vigueur à Harvard, les étudiants qui viennent de familles ayant un revenu total de moins de $60000 ne paient pas de frais de scolarité. L’Université a institué cette politique il y a trois ans, avec un taux initial limite de $40000 qui a été relevé depuis. Le Dean of Admissions and Financial Aid, William R. Fitzsimmons, estime que ces changements ont entraîné une augmentation de 33% du nombre d’étudiants provenant de familles à faible revenus à Harvard.

Cette baisse du coût de la scolarité pour certains étudiants va entraîner une augmentation du nombre de candidatures et Harvard s’offre ici une belle opportunité à bas coup de choisir des étudiants brillants issus de milieux moins favorisés, dans un contexte où le choix d’une université peut devenir un cauchemar financier pour la majorité des lycéens américains.

Texte: Kim Rinehimer

 

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

*


Politique de confidentialité - Qui sommes-nous ? - Apprendre à apprendre.com - Copyright 2022-