Dernière modification de l’article le 10 mai 2019 par Admin

Imaginez un instant : vos élèves qui écoutent, retiennent, appliquent.

Imaginez leurs regards concentrés, leurs cahiers remplis de notions qu’ils n’oublient plus.

Imaginez-vous avancer dans votre programme sans avoir à rabâcher encore et encore, sans répéter trois, quatre, cinq fois la même chose.

Fini les soupirs, fini les « pourtant je l’avais dit » qui tournent en boucle dans votre tête.

Fini cette impression amère d’enseigner dans le vide.

Vous pensez peut-être que ce genre de situation appartient au pays des licornes ?

Permettez-moi de vous détromper.

La vérité est simple : oui, c’est possible.

Mais, non, cela ne tombera pas du ciel.

Pour obtenir ce résultat, vous devez cesser de vous battre contre un ennemi que vous n’avez jamais vraiment pris au sérieux : l’oubli.

Oui, vous avez bien entendu : l’oubli.

Je sais ce que vous vous dites.

« Moi je veux que mes élèves se souviennent, pas qu’ils oublient ! »

Et c’est justement là que tout se joue.

La mémoire ne se construit pas contre l’oubli, elle se construit avec lui.

Croire que l’oubli est un accident, une faiblesse, un défaut de fabrication du cerveau humain, c’est passer à côté de ce qui fait la vraie force de la mémorisation.

Plus vous essayez d’écraser l’oubli sous votre volonté, plus il se renforce.

Plus vous luttez, plus il gagne du terrain.

Pourquoi ?

Parce que l’oubli n’est pas une erreur.

C’est un mécanisme de survie gravé en nous depuis la nuit des temps.

Repoussez-le, niez-le… et il reviendra au galop. Plus fort. Plus vif. Plus imprévisible.

Difficile à accepter ?

Regardez comment votre cerveau agit face aux souvenirs douloureux.

Quand un événement nous brise – un deuil, une rupture, un accident – notre premier réflexe n’est pas de l’analyser froidement.

Notre instinct est d’oublier, de mettre à distance, d’effacer pour avancer.

Et quand cet oubli naturel échoue, que reste-t-il ?

Des blessures à vif.

Des phobies qui ressurgissent sans prévenir.

En pédagogie, c’est exactement la même loi.

Ignorer l’oubli, c’est construire sur du sable.

Comprendre l’oubli, en revanche…

C’est bâtir une mémoire solide, durable, vivante.

 

Article et texte : Jean-François MICHEL (Auteur « Les 7 profils d’apprentissage » Éditions Eyrolles 2005, 2013 et 2019)

Le cerveau a besoin de faire un tri pour ne retenir que ce qui est important.  

Pour Robert N. Kraft, professeur de psychologie cognitive à l’université de Otterbein, « Les recherches sur la mémoire et les écrits journalistiques ont trop mis l’accent sur la mémoire. Les situations dans lesquelles nous concentrons notre attention sur le souvenir sont en réalité très limitées: étudier pour un examen, préparer une présentation, essayer d’apprendre les noms des personnes. Dans la vie de tous les jours, nous ne nous préoccupons pas d’apprendre par cœur les détails de ce que nous faisons. Nous nous concentrons simplement sur ce que nous faisons » [1]

À quelle vitesse oublie-t-on ?

Après seulement 20 minutes de cours, 42 % de ce que l’élève vient d’apprendre s’est déjà envolé.

L’information, à peine enregistrée, commence à s’effriter, morceau par morceau.

Et si personne ne ravive ces connaissances ?

Le lendemain, 66 % du savoir a disparu.

Une semaine plus tard, ce sont 75 % des apprentissages qui se sont évaporés, comme un château de sable emporté par la marée.

Ces chiffres ne viennent pas d’une vague intuition.

Ils viennent d’une étude rigoureuse menée par le célèbre psychologue allemand Hermann Ebbinghaus.

Autrement dit :

L’oubli n’est pas une anomalie.

C’est la règle du jeu.

Croire que l’élève retient de manière continue et linéaire, comme un disque dur qui empile des fichiers, est une erreur fatale.

La mémoire humaine ressemble beaucoup plus à un tamis percé qu’à une bibliothèque bien rangée.

Ce qui n’est pas réactivé… s’efface.

Ce qui n’est pas entretenu… s’oublie.

.

La Courbe de l’oubli

La courbe de l’oubli ou courbe d’oubli est une hypothèse formulée par le psychologue allemand Hermann Ebbinghaus sur le déclin de la mémorisation dans le temps.

Cette courbe montre combien l’information apprise se perd avec le temps quand celle-ci n’est pas utilisé ou travaillée (se remémorer l’information). Cette courbe peut aussi se relier au concept dit de la force de la mémoire.  En résumé, la mémoire et la faculté de mémorisation d’un individu à tendance à croitre avec l’exercice et le travail de la mémorisation. Bref plus vous êtes habitué à apprendre, plus il est facile pour vous de mémoriser et de vous souvenir ce que vous avez appris.

Pour en revenir à la courbe de l’oubli Hermann Ebbinghaus, celle-ci vise à montrer que les humains ont tendance à réduire de moitié leur mémoire de toutes nouvelles connaissances acquises avec le temps. Sauf si ces personnes se « remémorent »consciemment ces nouvelles connaissances apprises soit par des exercices de mise en pratique soit par un travail de remémorisation ou de révision.

La courbe de l’oubli indique donc que vous pouvez vous remémorer environ 60% d’un contenu d’un cours après 20 minutes seulement. Il vous restera plus que 50% au bout d’une heure et un peu plus de 30% au bout de  9 heures. Cela revient à dire que si vous êtes en formation ou à l’école, vous ne reteindrez que 30% du contenu du cours dès le lendemain.


Donc, si vous êtes étonné du peu que vous retenez dans un cours ne blâmez pas votre supposée « mauvaise » mémoire. L’oubli est un processus tout à fait normal.

Sachez qu’il n’y a pas de miracle : si vous ne réactivez pas votre savoir, il tombera dans le royaume de l’oubli. Voici quelques astuces pour conserver en mémoire ce que vous apprenez.

Une application immédiate

Si vous suivez une formation, vous devez appliquer le plus rapidement possible ce que vous apprenez. Idéalement, appliquez dans la journée qui suit. Si vous comptez sur vos notes et sur les supports pour une application dans 1 mois ou plus de votre formation, vous allez vers de fortes désillusions. Non seulement vous vous souviendrez de guère plus de 15 %, mais vos notes seront trop imprécises bien souvent pour retrouver le savoir exact.

Si vous voulez suivre une formation, planifiez-la en sachant qu’immédiatement après vous pourrez la mettre en application. Bien entendu, cette méthode ne convient guère aux écoliers ou aux étudiants en cycle du supérieur. Pour eux le plus efficace ce sont les révisions à intervalles réguliers.

 

Des révisions régulières

Des révisions régulières par des exercices ont le mérite de faire le rappel des connaissances et de les ancrer dans la mémoire à long terme. Pour qu’ils soient efficaces, ces exercices doivent être faits immédiatement après le cours. Puis ensuite refait à des espaces plus espacés dans le temps durant l’année scolaire. Toute la difficulté est de rester motivé à faire ces exercices. Les nouvelles connaissances dispensées des cours suivants ont vite fait de faire oublier que les anciennes doivent être réactivées..

Conclusion : L’oubli est plus important qu’il n’y paraît dans le processus de mémorisation. Compte tenu de la faiblesse de notre mémoire de court terme, il convient de se concentrer sur l’essentiel pour mieux apprendre plutôt que de se focaliser sur les détails. Avis à ceux qui sont de profil type « perfectionniste ».

L’outil des cartes mémoire ou flashcards de Sebastian LEITNER

Sebastian LEITNER [2], journaliste autrichien passionné par l’apprentissage des langues étrangères et la pédagogie, constate que la méthode traditionnelle de révision de vocabulaire par une liste de mots présente un gros désavantage : c’est qu’à chaque fois il y a du vocabulaire déjà appris et mémorisé qui est revu. D’où une perte de temps et une perte d’efficacité : on sollicite la mémoire pour des mots qui sont déjà connus.

Enfin il constate que la méthode traditionnelle de révision par la liste de vocabulaire n’est pas du tout motivante. Rien qu’à la vue de la longue liste de mots à apprendre, c’est décourageant.

D’où un nouveau système de révision de vocabulaire que l’on appelle les cartes mémoires ou « flashcards » en anglais.

Prenons l’exemple de l’apprentissage d’une langue étrangère comme l’anglais.

Au lieu de faire une liste de vocabulaire à apprendre, il suffit de mettre chaque mot, chaque vocabulaire à apprendre sur une carte. Derrière sa traduction à connaître.

Ensuite, construisez une boîte à 5 compartiments. Le premier est d’une petite taille, le deuxième un peu plus grand, le 3ème encore un peu plus grand, le 4ème encore un peu plus grand puis le 5ème.

Mettez vos premières cartes dans le premier compartiment. Puis révisez les cartes une à une. Si le mot de la première carte est connu, mettez-la dans le 2ème compartiment. Si vous vous trompez, donc vous ne connaissez pas votre mot, vous remettez cette carte dans le 1er compartiment en dernier. Quand le 1er compartiment se vide, rajoutez des cartes au fur et à mesure qui se placent à l’arrière. Quand le 2ème compartiment est plein, prenez la première carte. Si vous avez la bonne réponse, mettez là dans le 3ème compartiment. Si vous ne savez pas, mettez là de nouveau dans le premier compartiment. Quand le 3ème est rempli, faites de même. Et ainsi de suite jusqu’à remplir le 5ème compartiment.

 

Quand vous avez rempli vos compartiments, parfois vous serez amené à réviser le 1er, le 2ème. et le 3ème.

Bien entendu si vous avez peu de vocabulaire à apprendre vous pouvez réduire la taille des compartiments ou leur nombre (au lieu d’en faire 5, faites-en 3 par exemple).

Le mieux est d’acheter une petite une boîte de cartes dans le commerce  qui se referme et que vous pouvez donc transporter. Lorsque vous avez 1 ou 2 min de pause, vous pouvez en profiter pour apprendre. Vous gagnez du temps. Sur  le parcours de l’école ou lorsque vous attendez le bus, le tram ou le métro, profitez-en pour réviser vos cartes. Il est possible aussi d’utiliser des enveloppes pour le transport : pour le premier compartiment une enveloppe. Pour le deuxième compartiment, une deuxième enveloppe, etc. Bref vous connaissez le principe et vous pouvez être créatif. L’essentiel est de faire un système à compartiments et qui vous convienne. Il n’y a pas de règle pour la taille des compartiments et leur nombre.

Vous pouvez également utiliser des applications. Certaines sont gratuites et d’autres, qui offrent plus d’options, sont payantes.

Sur votre parcours quotidien pour aller à l’école par exemple, essayez de réviser 10 cartes à l’aller, et 10 cartes au retour.  Cela fait 20 cartes révisées chaque jour et 140 en une semaine (si vous le faites aussi le weekend)! Bien plus efficace et agréable que si vous vous y preniez au moment des contrôles continus ou des examens pour apprendre.

 

L’apprentissage et la mémorisation avec les cartes mémoire ou « flashscards » vous pouvez apprendre autre chose que du vocabulaire pour les langues étrangères. Il est possible d’apprendre du vocabulaire économique, des formules de mathématiques, des règles de grammaire… Bref ! Presque tout ! Bien entendu au lieu de mettre la traduction, vous mettez la définition ou l’explication.

 

Qu’est-ce que les « Flachcards » ou les cartes mémoire ?

(Une méthode inventé par Sebastian Leitner)

 

 

Article et texte : Jean-François MICHEL (Auteur « Les 7 profils d’apprentissage » Éditions Eyrolles 2005, 2013 et 2019)

[1] Dr. Robert N. Kraft Why We Forget The benefits of not remembering Psychology today juin 2017 https://www.psychologytoday.com/us/blog/defining-memories/201706/why-we-forget

Voir son ouvrage : Dr. Robert N. Kraft Memory Perceived: Recalling the Holocaust (Psychological Dimensions to War and Peace) 2002 Edition Praeger

[2] Sebastian Leitner  «So lernt man lernen: Der Weg zum Erfolg » Edition  Herder 2000 (3ème edition).

4 Commentaires

  1. Bonjour !
    J’aimerais bien que vous me donner quelques explications pour apprendre à faire le résumé.
    Cordialement

    • Bonjour,
      Merci pour votre message.
      Malheureusement en quelques lignes ce n’est pas possible. Vous avez plein de ressources dans le site.
      Bien cordialement

  2. Bonjour,
    J’ai découvert ce système d’apprentissage avec mes enfants à l’école primaire il y a quelques années. S’était pour apprendre le vocabulaire d’allemand. Mais pourquoi pas avec des apprenants de langues totalement étrangères à la langue latine ! Comme l’arabe, la langue afghane, chinoise etc .
    Merci pour vos agréables vidéos explicatives chargées d’humour

    • Bonjour,
      Merci pour votre message.
      Oui, le système fonctionne aussi pour des langues non latines.
      En vous souhaitant une bonne journée.
      Bien cordialement
      Jean-François

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