Dernière modification de l’article le 30 avril 2018 par Admin

GF_2012_08_20_aide_ecouteComment aider une personne, un élève face à des difficultés ? Voici 5 recommandations pour vous aider.

Vous connaissez certainement cette situation : vous voulez aider un élève ou plusieurs élèves à surmonter leurs difficultés. Mais vous ne savez pas trop comment vous y prendre ; vous n’êtes pas un professionnel de l’accompagnement.

Mais ce n’est pas parce que  vous n’êtes ni coach (scolaire) ni thérapeute que vous ne pouvez pas aider, accompagner un élève ou un jeune si vous êtes éducateur. Bien au contraire.

Mais, il est facile de faire des erreurs, d’avoir la mauvaise approche, comme par exemple la plus classique : celle de vouloir donner des conseils. Autant dire que votre action sera peu, voire même, pas du tout efficace. Vous perdrez votre temps.

Voici 5 recommandations issues de la pratique narrative (méthode d’origine australienne pour résoudre les problèmes) que vous pouvez suivre. Sans faire de vous un professionnel, vous aurez la bonne démarche pour accompagner un élève.

1. La personne n’est pas le problème !


« La personne est la personne, le problème est le problème, la personne n’est pas le problème ! » C’est l’un des principes de base des Pratiques Narratives.

Après avoir écouté les « plaintes » – au sens narratif du terme – celle notamment d’être par exemple dans une section ou une école à mauvaise réputation avec les effets sur l’image qu’ils se font d’eux-mêmes, nous arrivons très vite à nommer le problème. Le fait de nommer le problème permet de le matérialiser, de l’externaliser. Dès lors, on peut parler de lui comme d’une personne extérieure à celui qui en souffre.
Le fait de considérer le problème comme séparé de la personne aide celle-ci à mieux mobiliser ses ressources.

Le fait d’externaliser permet de créer un contexte où le jeune se situe à l’extérieur du problème et où ce n’est plus le problème qui lui dicte qui il est vraiment. Et, enfin, externaliser permet de réduire la tendance à mettre une étiquette sur les gens et les choses et à les assimiler à une pathologie.

2.  Écouter les plaintes en évitant de conseiller

L’objectif est de faire s’exprimer sur tout ce qui pose problème la ou les personnes qui a / ont besoin d’une aide, comme ici des élèves. Sur les effets que ces problèmes ont sur eux et sur leur vie à l’école. Ne pas hésiter à leur demander d’illustrer leurs propos par des histoires vécues comme problématiques é l’école.

3. Honorer leurs mots

S’adresser à eux en reprenant bien leurs mots et en validant et reformulant régulièrement. Noter tout ce qu’ils disent précieusement et le leur faire relire régulièrement. Faire quelque chose de leurs mots, un premier pas pour prendre en compte leurs plaintes.

4. Externaliser le problème

Enquêter sur ce qui leur pose problème et le nommer. Considérer le problème comme séparé du jeune. Cela va aider le jeune à se mobiliser davantage face à son problème. Le fait d’externaliser permet de créer un contexte où le jeune se situe à l’extérieur du problème et où ce n’est plus le problème qui lui dicte qui il est vraiment. Une fois que la personne ne parle plus d’elle comme de quelque chose qui pose problème mais comme quelqu’un qui est affecté par un problème, de nouvelles options apparaissent pour elle. Il devient plus facile de réfléchir à « comment se mettre à l’abri des effets du problème ».

5. Tisser avec eux une nouvelle histoire en honorant les résistances

Les gens réagissent toujours aux difficultés qu’ils rencontrent. Sinon, ils succomberaient. Cette capacité à réagir est faite de compétences, de connaissances et de compréhensions qu’ils ont de leur vie. Ces compétences, connaissances et compréhensions ont une histoire.

Pour aider ces élèves qui ont des difficultés, tisser avec eux une nouvelle histoire qui ne soit plus l’histoire à problème, c’est rendre visible toutes ces compétences qu’ils ont construites sans les voir. C’est aller chercher avec eux toutes les exceptions – toutes les fois où le « problème » ne les a pas rattrapés, étouffés, paralysés – et les relier comme les épisodes d’une nouvelle histoire.

Plus on étoffe cette nouvelle histoire, et plus l’histoire à problème perd de son influence sur la personne, sur ses comportements. Et, en perdant de son influence, elle permet à la personne de redevenir auteur de sa vie.

 Exercice aux élèves

« Qu’est ce qui vous aide à vous sortir de situations difficiles ? »
« Décrivez une chose (une qualité) que vous avez en vous ou que vous avez développée et qui vous aide dans les coups durs. »
«Partagez une histoire où cette qualité spéciale vous a vraiment aidé. »
« Qui ne serait pas étonné, autour et près de vous, que vous ayez cette qualité-là ? »
«D’où vous vient-elle ? Comment l’avez-vous acquise ou bien qui vous l’a apprise ? »
« Est-elle liée d’une façon ou d’une autre à un groupe, à votre famille, peut-être à une communauté, ou une culture à laquelle vous appartenez ? »

A la fin de l’exercice, chacun écrivait la qualité qu’il s’était trouvée sur un post-it et venait coller celui-ci au tableau, et il devait dire au groupe :

« sa qualité »,
« comment il avait vécu cet entretien »,
« ce qu’il avait appris sur lui-même »,
« ce que ça disait de lui ».

 Comment faire intervenir une personne: quelques points clefs

1. Saisir l’opportunité de faire venir une personne qui a eu le même parcours scolaire qu’eux et qui a néanmoins réussi dans la vie. Une personne qui va incarner que c’est possible pour eux d’y arriver.

2. Leur faire rencontrer une personne du monde professionnel, un chef d’entreprise en l’occurrence qui va pouvoir répondre à leurs questions et les renseigner sur ce qu’un patron peut attendre d’un salarié, pour les renseigner sur le monde du travail, sur le métier de restaurateur.

3. Créer un contexte ou un témoin extérieur vient dire l’image qu’il a de ces jeunes et de ce que ces jeunes ouvrent comme nouvelles possibilités dans sa vie. Ce qui va contribuer à étoffer l’histoire préférée des jeunes et du témoin. Ce qui contribuera également à donner aux jeunes le sentiment de « pouvoir », celui d’être capable d’apporter quelque chose à l’autre, d’aider les autres.

Comment faire face à des élèves en difficulté qui n’ont rien demandé ?

En apparence rien de bien très facile. Voici quelques principes

Créer l’alliance, c’était rester vigilant sur trois points.

A. Être face à eux sans a priori. J’arrivais face à des jeunes qui, à la fois, subissent le système scolaire et n’y sont pas valorisés, bien au contraire. Des jeunes à qui l’on répète en permanence « qu’ils ont des problèmes ». Donc, pour créer l’alliance, ma posture face à eux a été essentielle. Il fallait que je veille à ne pas me laisser influencer par tout ce que je pouvais entendre sur eux : ils sont violents, ils ne savent pas bien s’exprimer, ils ont des problèmes d’apprentissage, de concentration… Ce n’est pas toujours facile.

Quand, par exemple, j’étais agacée par l’un d’eux, c’était un bon baromètre pour me signaler que je n’étais plus dans la bonne posture. J’avais glissé de la posture d’accueil à la posture d’attente. Or, la clé, c’est de ne rien attendre, c’est d’accueillir ce qui vient. Telle est, selon moi, la bonne posture : être dans l’accueil et sans apriori.

B. Qu’ils sentent que je suis là pour eux

Ils doivent ressentir que ce sont eux mes clients. Je suis avec eux, de leur côté, quoi qu’il arrive. Nous allons former une communauté, fondée sur des règles que nous allons établir ensemble. Nous allions faire un voyage. Je serai leur guide, mais c’est bien à eux de décider de la destination. Cela nécessite de ne rien faire qui les concerne sans les en informer, et qu’ils soient d’accord. Si, par exemple, un professeur veut assister à une séance, je leur demande au préalable s’ils sont d’accord. Et, s’ils sont d’accord, le professeur devra respecter nos règles.

C. Jouer sur la réciprocité de Y interaction

Le dernier point se joue dans la réciprocité de l’interaction. Je ne suis pas venue leur dire ce qu’ils doivent croire ou faire. Ils doivent ressentir que ce qu’ils me disent ou me montrent m’aide moi aussi. A leur contact, j’apprends et je progresse aussi. Ce qui est évidemment vrai et qui leur permet, à la fois, d’avoir envie de parler, de partager, et ensuite les rassure sur leur capacité à apporter quelque chose à l’autre.

Faire émerger une demande

Pour qu’il y ait un véritable coaching, il faut qu’il y ait une demande de la part de la personne coachée. La difficulté première, avec mes jeunes clients, c’est qu’ils n’ont rien demandé. On a voulu du coaching pour eux.

Donc, mon travail consiste dans un premier temps à leur faire prendre conscience de l’intérêt d’une telle démarche pour eux, et ensuite à leur faire produire des demandes.
Pour cette mission, je n’avais pas moins de 65 demandes à faire émerger. Des demandes qui n’ont cessé d’évoluer au fur et à mesure de notre travail en commun.
Pour réussir à mener à bien cette étape, il m’a fallu expliquer ce qu’est le coaching et l’intérêt que cela pouvait avoir pour eux. Il a fallu aussi que je valorise la démarche en leur disant que, lorsqu’on va voir un coach, qu’on a non pas un problème mais un projet, un objectif, et que le coach est là pour nous accompagner vers cet objectif.

 Leur faire expérimenter le statut d’expert

Je dirai que, c’est à nouveau une question de posture. Le coach narratif est un « ignorant ». il doit sans cesse se rappeler. Ignorant dans la mesure où c’est l’autre qui sait. C’est l’autre qui sait ce qui est mieux pour lui.

 

Texte et dossier : Dina Scherrer

 

Diplômée en Ressources Humaines Coaching de l’université Paris VIII, Dina Scherrer a fait la première partie de sa carrière professionnelle dans la communication, le développement et la publicité, occupant divers postes de direction dans des entreprises de premier plan jusqu’à la direction du Développement et de la Communication d’un groupe de taille internationale.

En 2006, elle décide de reprendre ses études pour s’orienter vers le développement des potentiels humains. Elle est formée aux Pratiques Narratives par Pierre Blanc-Sahnoun et Mediat Coaching. Les Pratiques Narratives dont les principes et la méthode ont été établis par le psychologue australien Michael White (1948-2008).

Depuis, elle a développé sa propre démarche d’accompagnement en entreprise auprès des cadres ou des équipes de direction et, comme elle aime l’idée que le coaching ne soit pas exclusivement réservé aux patrons dans les entreprises, elle a décidé de mettre aussi son expérience au service des adolescents en échec scolaire. Elle est l’auteure d’Échec scolaire, une autre histoire possible (L’Harmattan, 2011).- Psychologies.com

ECHEC SCOLAIRE, UNE AUTRE HISTOIRE POSSIBLE

Pour voir le livre: Cliquez ici

Site de Dina Scherrer:Cliquez ici

 

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