Dernière modification de l’article le 11 mai 2019 par Admin

Vous avez déjà connu ces élèves peu ou pas motivés et qui finalement gâchent leur potentiel. Ils préfèrent passer leur temps sur leurs jeux vidéo, sur les réseaux sociaux. Vous avez beau essayer de les convaincre, de brandir la menace d’un examen qui approche, d’une sanction prochaine, rien n’y fait. Pourquoi ? Que se passe-t-il dans la tête de ces élèves qui, quelque part, ruinent leur avenir (selon vous) ? Comment s’y prendre pour les motiver à nouveau ? C’est ce que l’on va voir dans cet article. 


Par Jean-François MICHEL

( Auteur « Les 7 profils d’apprentissage » Ed.Eyrolles 2005, 2013 )

 

Rien de plus simple de se motiver lorsque une chose nous plaît. Mais il y a forcément des moments où il y a des tâches à accomplir dont on se passerait bien ! C’est surtout le cas pour l’élève à l’école : il y aura toujours une matière qu’il n’appréciera pas, des devoirs qu’il n’aimera pas faire. Enfin que dire des périodes de révision avant les examens. Dans ces cas-là, savoir se motiver, autrement dit, savoir s’automotiver devient un atout, un facteur de réussite clef ! Alors, comment aider l’élève à se motiver ? Pour cela il faut comprendre les ressorts de la motivation. Il y en a principalement 2 : l’anxiété (ou la peur) et le plaisir.

La motivation est ici intrinsèque, autrement dit, elle provient de la personne, elle est « intérieure ». Lorsqu’elle vient de l’extérieur (attente d’une récompense par exemple) la motivation est dite extrinsèque.

La motivation par l’anxiété

C’est la peur d’un événement futur (à éviter) qui est l’élément déclencheur de l’action (se mettre au travail) : cela peut être la peur de rater un examen, la peur d’avoir une mauvaise note. Dans ce cas précis, la motivation se déclenche dans un processus de surenchère : le sentiment désagréable de ce qui pourrait arriver (comme rater un examen) est supérieur au désagrément de faire la tâche en question (ici, réviser les cours). Chez un élève, il y aura donc un « affrontement » entre la douleur de rater un examen et la douleur de faire une chose qu’il n’aime pas, comme réviser.

La raison et la logique dicteraient que la douleur de rater un examen l’emporte. Pourtant chez certains élèves, la douleur de court terme, qui est perceptible immédiatement, l’emportera sur la perspective de rater un examen. L’éloignement dans le temps et la possible illusion de facilité (tout se passera bien) réduiront la douleur d’un échec futur.

C’est souvent l’évitement de l’échec, douloureux dans l’immédiat , qui est l’élément de motivation. D’où souvent l’intérêt, pour obtenir un changement de comportement, de dramatiser les choses. C’est ce que font, plus ou moins intuitivement, certains enseignants ou formateur pour mettre au travail leurs élèves.

La motivation par l’attente d’un sentiment agréable

Il y existe un schéma de motivation qui fonctionne de manière opposée à celui que nous venons de voir. Ici c’est la perspective d’un sentiment agréable, et non plus la peur, qui est motivante. Ce n’est pas forcément l’éventualité d’avoir une bonne note, de réussir un examen, mais cela peut être tout simplement le sentiment agréable d’avoir achevé la tâche, de l’avoir faite d’autant plus si celle-ci est repoussante. Les personnes qui fonctionnent ainsi déclarent généralement  : « Ce n’est pas agréable de faire telle chose, mais on se sent tellement bien une fois qu’elle est terminée et réglée !»

Inconsciemment, ces personnes visualisent la tâche accomplie. Ce qui est plaisant et motivant.

Mais que se passe-t-il lorsque la tâche est longue, par exemple la rédaction d’un mémoire de fin d’études . Car la perspective de finir le mémoire est assez éloignée dans le temps. Si le fait de visualiser le mémoire fini peut faciliter la mise au travail n’y a-t-il pas le risque d’avoir à un moment donné une panne sèche si on n’en voit pas le bout ? Exact !. Dans ce cas, la motivation chez ces personnes obéit à un processus de découpage: inconsciemment, ce n’est pas seulement la perspective de finir le travail qui donne un sentiment agréable, mais plutôt d’en finir, un morceau. Si on reste toujours dans notre exemple de la rédaction d’un mémoire, c’est le fait de réunir les informations nécessaires au commencement de la rédaction, de finir le plan, un chapitre, qui procure cette satisfaction d’avoir achevé quelque chose et qui pousse à continuer. Plus on se rapproche de la fin, plus c’est motivant.

Quels autres schémas de motivation ?

Existe-t-il d’autres schémas de motivation que les deux que nous venons d’exposer ? Généralement il s’agit d’une combinaison de l’anxiété et de sentiment agréable. Par exemple chez certaines personnes c’est l’anxiété qui pousse à se mettre au travail. Ensuite c’est le sentiment agréable à finir une tâche ou une partie de celle-ci qui reprend le relais de la motivation.
Cela montre donc bien que finalement chacun à sa manière propre de s’automotiver en intégrant soit un schéma basé sur l’anxiété soit sur le plaisir ou encore avec une combinaison des deux formes.

Que se passera-t-il si un enseignant, un formateur utilise toujours la même stratégie pour motiver ses élèves ? Il réussira à en démotiver une bonne partie d’entre eux, même s’il arrivera toujours à avoir la bonne approche pour les autres.

Dans l’absolu, on comprendra qu’il est important que l’enseignant, le formateur connaisse le mode de motivation chez ses élèves. Dans la réalité, les choses peuvent être un peu différentes : il y a des situations qui ne permettent pas toujours de connaître la forme de motivation chez l’élève (anxiété ou plaisir) comme par exemple lorsqu’ils sont trop nombreux ou tout simplement de l’appliquer.

Les différents moyens d’encourager la motivation intrinsèque chez l’élève

Une recherche [1]  a examiné les différents moyens d’encourager la motivation intrinsèque chez des étudiants. Les chercheurs ont rassemblé des informations provenant de 16 études différentes (dont les sujets étaient des étudiants en médecine). Les conclusions sont que, lorsque les enseignants soutenaient les étudiants d’une certaine manière, ils étaient plus susceptibles d’être intrinsèquement motivés. Cela comprend :

le respect des élèves ;

l’offre d’un soutien émotionnel ;

la présentation de différentes approches d’apprentissage ;

la promotion de la participation active ;

la liberté d’apprentissage;

formulation de commentaires positifs et constructifs.

Les 7 profils d’apprentissage

Comment faire pour repérer les personnes dont la motivation répond au schéma de l’anxiété ? Ici, l’utilisation des 7 profils d’apprentissage s’avère utile, plus particulièrement si on considère, dans ce cas précis, les profils d’identité. Par exemple, les personnes d’un profil « dynamique » répondent très souvent au schéma de motivation par l’anxiété (par la peur de l’échec ou la peur de ne pas être premier pour ceux qui ont un esprit de compétition particulièrement aiguisé). Les personnes d’un profil d’identité « perfectionniste » fonctionnent également sur ce schéma de motivation par l’anxiété. Mais l’origine de l’anxiété est un peu différente : ils seront motivés à faire des efforts pour ne pas subir les critiques des autres d’autant plus s’il s’agit de critiques qui proviennent des parents ou des professeurs.

Á contrario, les élèves de profil d’identité du type enthousiaste et émotionnel auront davantage une motivation basée sur des éléments qui procurent du plaisir.

Ne serait-il pas plus logique de considérer les profils de motivations dans les 7 profils d’apprentissage pour savoir dans quel schéma de motivation est l’élève (anxiété ou plaisir)? Les profils de motivation concernent les éléments extérieurs (qualité relationnelle avec l’enseignant, utilité perçue du cours, etc.) qui permettent à l’élève d’être motivé par l’apprentissage d’un savoir. Comme on l’a vu plus haut, il s’agit d’une motivation extrinsèque. Or, ici il s’agit de se motiver pour réaliser une tâche ou pour faire un travail qui n’intègre pas vraiment d’éléments extérieurs. Éléments extérieurs qui ne sont pas forcément liés à un contexte d’apprentissage. Par exemple être motivé par ranger sa chambre, trier ses papiers, etc.

Si vous souhaitez ne savoir plus sur les différents profils d’identité, je vous conseille de regarder les vidéos ci-dessous, où je décris chaque profil d’identité.

 

 

 

 

Pour aller plus loin : motivation intrinsèque ou motivation extrinsèque ?

Une étude publiée en 2014 [2] a essayé de répondre, entre autres, à une question : qu’est-ce qui importait le plus,  la motivation intrinsèque ou des incitations externes à savoir la motivation extrinsèque? Cette étude se basait sur un recensement de 183 études (soit plus de 200 000 participants) qui mesuraient la motivation pour l’école, le travail et la forme physique.

Les conclusions sont sans appel

La motivation intrinsèque est un élément puissant de la performance avec ou sans récompense externe. Cette méta-analyse a également révélé un détail intéressant. Les données ont montré que la motivation intrinsèque importait davantage pour la qualité, alors que les récompenses externes permettaient de mieux promouvoir la quantité. En d’autres termes, si vous souhaitez simplement vous rendre au gymnase plus souvent, un système de récompense fera probablement l’affaire. Mais si vous souhaitez mettre en place des entraînements de qualité axés sur un objectif spécifique, vous devez trouver votre propre motivation. 

Par Jean-François MICHEL

( Auteur « Les 7 profils d’apprentissage » Ed.Eyrolles 2005, 2013 )

[1]  «  How to encourage intrinsic motivation in the clinical teaching environment?: a systematic review from the self-determination theory» J Educ Eval Health Prof.

Publiée en avril  2015 . L’étude est disponible ici : 10.3352/jeehp.2015.12.8  ou https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC4397857/

[2] Psychological Bulletin «  Intrinsic Motivation and Extrinsic Incentives Jointly Predict Performance: A 40-Year Meta-Analysis »  Christopher P. Cerasoli, Jessica M. Nicklin, and Michael T. Ford Online First Publication, February 3, 2014  https://pdfs.semanticscholar.org/3f44/f35d1779ea91896c9f443904aab90c2d9511.pdf 

Le résumé de l’étude : https://psycnet.apa.org/doiLanding?doi=10.1037%2Fa0035661

3 Commentaires

  1. Bonjour Jean François,

    j’ai besoin aujourd’hui de ton conseil pour une élève qui vient de faire le test. C’est la 1ère fois que je trouve une élève qui a un profil dont le total, Principal + Secondaire est très léger :

    PROFIL DE MOTIVATION

    Profil principal : 28% Avec Qui ?

    Profil secondaire : 28% Vais-je Apprendre ?

    Que dois je comprendre ? Cela donne 56% seulement de sa motivation. Que puis-je répondre à cette élève ?

    Merci par avance de ton conseil

    • Bonjour,

      em>Que dois je comprendre ? Cela donne 56% seulement de sa motivation. Que puis-je répondre à cette élève ?

      Ici, cette élève a besoin d’apprécier un enseignant pour être motivée à apprendre. Et, pour cela l’enseignant doit lui apporter des connaissances nouvelles.

      Quand les profils de motivation principal et secondaire sont faibles comme ici, c’est bon signe pour l’élève. Cela veut dire qu’il n’est pas dépendant d’une seule source extérieure de motivation (profil de motivation principal > à 30%).
      Je m’explique pour cette élève. Si à l’école, elle « n’aime pas l’enseignant » elle pourra s’appuyer sur son profil secondaire qui est la motivation à apprendre de nouvelles choses. Bien qu’ici les 2 soient liés.
      Bien cordialement
      Jean-François

  2. Excellent article décrivant bien la réalité des motivations qui nous poussent à faire les choses.

    Je suis étudiant en deuxième année de médecine et je confirme bien qu’un mélange de « motivation par anxiété » + « motivation intrinsèque » est le meilleur compromis.

    En comptant toujours sur la pression de dernière minute pour se motiver, ça finit par ne plus fonctionner et on laisse tomber. Si c’est de temps en temps, ça peut quand même nous sauver.

    Le réel moteur qui nous fait avancer chaque jour est bien la motivation intrinsèque.

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