Dernière modification de l’article le 20 novembre 2018 par Admin

Comment créer un changement  instantané chez l’élève et agir sur sa motivation ?  Imaginez, que d’un seul mot vous arriveriez à remotiver et  enthousiasmer  des élèves en décrochage. Existe-t-il un « truc », une astuce? Si vous faites votre métier par vocation, alors certainement vous avez pensé un instant que c’était possible. Et l’une des premières actions  a été d’améliorer le contenu de votre cours. C’est une bonne direction. Mais après un temps, la réalité vous a rattrapé et elle est bien rude : des résultats sont décevants. Vous avez dépensé beaucoup d’énergie. Finalement, vous vous en voulez un peu d’avoir cru qu’il était possible d’avoir un levier rapide et quasi « magique » sur des élèves sans motivation.

Alors, je vais vous étonner : cette idée d’induire un changement rapide et de remotiver des élèves en difficulté très rapidement est loin d’être si farfelue. C’est ce que je vais vous montrer dans cet article.

Texte : Jean-François MICHEL

( Auteur « Les 7 profils d’apprentissage » Ed.Eyrolles 2005, 2013 )

 

Je me souviens d’une conférence dans un lycée  lillois que j’ai faite (avant d’animer le lendemain une formation dans l’établissement).  Vous savez, j’adore démontrer ce que je dis à mon auditoire en le faisant participer à des jeux. Pour expliquer les profils d’apprentissage et que chacun se découvre,  je fais faire le jeu de la grenouille (que j’explique dans la formation en ligne). Quand vous maîtrisez bien ce jeu, tout le monde s’amuse, aussi bien le public que les participants. Ambiance garantie.

Avant la conférence, le directeur de l’école me suggère que des élèves volontaires se joignent à la conférence. Une vingtaine viendront et 5 d’entre eux participeront  au jeu de la grenouille avec un groupe de 12 autres personnes issues du public.

2 jours plus tard, au moment de quitter la salle où j’animais la formation, le directeur du lycée vient me trouver  et me dit : « Jean-François c’est assez surprenant : parmi les 5 élèves, qui ont participé au jeu, il y avait Fanny et Adrien qui étaient en situation d’échec scolaire assez grave. Depuis ils ont trouvé une subite motivation à travailler. Quel changement d’attitude, c’est fou ! »

Que s’est-il passé ? Comment un changement aussi rapide a-t-il pu se produire ? C’est vrai que cela peut paraître miraculeux. Mais tout s’explique.

Plutôt que de vous parler immédiatement du phénomène psychologique sous-jacent, commençons par 2 histoires (vraies).

 

Étudiant en retard

Un étudiant traverse à toute enjambée la cour de l’université. Georges est très en retard, la cause à une panne de réveil toute bête. Dans un dernier effort il monte les marches d’escalier, quatre à quatre, direction l’amphithéâtre où son cours de mathématiques a commencé depuis presque une heure et demie. Le cours se termine bientôt. Mais tant pis il tente le coup : Berkeley est une université prestigieuse et on ne plaisant pas avec les absences. Georges pousse la porte arrière de l’amphithéâtre et se jette, essoufflé, sur une place au dernier rang. Son professeur, M.Neyman, l’a-t-il remarqué ? Georges se fait discret. Dos tourné à son auditoire, M. Neyman finit d’écrire au tableau et se retourne avec nonchalance face aux étudiants. D’une voix forte et autoritaire, il annonce : « Voilà les 2 équations,  jeunes gens. Planchez sur ça pour la prochaine fois et remettez vos devoirs dans mon casier. »

Georges recopie les 2 équations et se met à la tâche le soir même. « Fichtre, elles ne sont pas faciles à résoudre », murmure-t-il. Sa concentration est régulièrement perturbée par ce regret qui ronge son esprit : « sacrebleu, si j’avais été à l’heure, j’aurais pu au moins poser des questions. Cela m’aurait vraiment  facilité la tâche ! » Nous sommes en 1939 et pas d’internet, ni de téléphone portable ou même de téléphone tout court pour demander de l’aide à des camarades. Il va quand même au bout en trouvant une solution plausible pour chacune des équations. Et il n’a pas ménagé ses efforts. Il a sué.

Georges, remet sa copie dans le casier de son professeur en évitant de se faire remarquer. « M. Neyman va certainement croire que j’étais en cours  », se rassure-t-il, content de son tour de passe-passe.

Le dimanche matin on sonne à sa porte. C’est son professeur de mathématiques. Surpris, Georges se met alors dans un état d’esprit coupable.

M.Neyman – « Georges, avez-vous fait le devoir tout seul ?»

Georges nerveux – « Euh, ben oui »

M.Neyman dubitatif- « Ah !? Surprenant, vraiment très surprenant.»

Georges se sentant démasqué – « Oui, j’ai raté votre cours. J’ai pu recopier ces 2 équations à la hâte.  Il y a certainement des trucs que j’ai ratés. J’ai fait comme j’ai pu. J’ai fait de mon mieux je vous assure. »

M.Neyman  avec un sourire moqueur – « Ah ! Ben tout s’explique. Mais vous avez bien fait. C’était votre jour de chance ! »

Georges ne comprend plus rien. Il s’attendait à une sanction, du genre à être radié du cours. Et voilà que son professeur le félicite.

Et M. Neyman  de poursuivre : « Georges, j’avais demandé de réfléchir à ces 2 équations, pas de les résoudre. Car elles sont réputées insolubles. Mais vous, vous avez cherché et trouvé une solution. Bravo ! » C’est ainsi que Georges DANZIG devint le père de la programmation linéaire en statistique [1].

 

« Ils ne savaient pas que c’était impossible alors ils l’ont fait » – Mark Twain

 

Un perchiste d’Union soviétique

 

Savez-vous que la performance de Bob Beamon de 8m90 en saut en longueur aux jeux olympiques de Mexico en 1968 a longtemps fait figure de limite humaine. Comment était-il possible de battre un tel record ? Dans les années 80, des journalistes sportifs avaient interrogé les scientifiques pour fixer les limites humaines pour chaque discipline. Pour le saut à la perche, les 6 m étaient réputés être infranchissables. Jusqu’au 13 juillet 1985 au stade Jean-Bouin de Paris où Sergueï Bubka franchit cette hauteur.

Quand on a posé la question au champion soviétique comment avait-il fait pour réussir les 6 m, il répondit étonné, dans un anglais approximatif : « Ah bon !? Je n’en savais rien ! Vous savez, en Union soviétique on n’a pas les nouvelles du monde capitaliste.»

 

Cadre de référence

Georges Dantiz et Serguei Budbka ont pu faire quelque chose d’exceptionnel, car ils avaient un autre schéma de pensée du fait de leur ignorance (certes accidentelle) qui leur a fourni un cadre de référence favorable. Alors vous me direz : « Qu’est-ce qu’ un cadre de référence ? »

Le cadre de référence (« frame of reference » en anglais) est un ensemble complexe d’hypothèses et d’attitudes que nous utilisons pour filtrer les perceptions afin de créer un sens. Le cadre peut inclure des croyances, des schémas, des préférences, des valeurs, une culture et d’autres manières de biaiser notre compréhension et notre jugement.

Pour résumer, retenez qu’un cadre de référence est un prisme à travers laquelle nous voyons les choses. Ce cadre peut être aidant ou limitant.

Par  mimétisme (si d’autres l’on fait alors je peux le faire),  Serguei Budbka a permis un changement de cadre de référence aux autres perchistes en franchisant plus de 40 fois les 6 mètres. Depuis ils ont été franchis une cinquantaine de  fois par 15 autres athlètes.

« Cela semble toujours impossible jusqu’à ce que quelqu’un le fasse ».  Nelson Mandela

John H. Edgette et Tim Rowan, docteurs en psychologie et spécialistes des performances sportives, expliquent :  « Lorsque vous aidez les athlètes à changer le regard sur le problème en leur donnant un nouveau cadre de référence ou une nouvelle perspective, vous les aidez à s’extirper de l’inertie d’une myopie qui accompagne si souvent une performance athlétique problématique. » [2]

Comme le record de Bob Beamon était probablement perçu comme une limite, celui-ci a été battu une seule fois en 1991 par Mike Powell à 8m95, soit 23 ans plus tard.

Quel cadre de référence peut avoir un élève dans un système scolaire ou un apprenant dans un cursus de formation ? C’est simple : soit on est intelligent soit on ne l’est pas. Avec un tel cadre de référence, les notes et les évaluations vous classent automatiquement comme : bon ou mauvais. Je vous laisse imaginer l’état d’esprit de ceux qui estiment ne pas faire partie de la première catégorie. C’est pour cela que le « pour ou contre » la notation à l’école (que ce soit en primaire ou au lycée) est un faux débat et ne change pas grand chose. Tout dépend de la perception de la notation qu’en a l’élève.

 

Changement de cadre de référence

Vos paroles aussi positives soient-elles n’amèneront aucun changement. Pourquoi ? À cause notamment du biais de confirmation d’hypothèse [3] et de l’effet Pygmalion (prophétie autoréalisatrice) [4]. À moins de faire subir, aux élèves, un lavage de cerveau agrémenté de techniques de manipulation mentale basées sur la culpabilisation et le mensonge.

Lorsqu’il y a un changement de cadre de référence, les filtres sont remis en question et desserrés. Des solutions de rechange sont envisagées, et offrent de nouvelles façons de voir les choses. De nouvelles significations deviennent alors possibles.

Comment changer de cadre de référence ? Il est nécessaire de changer de contexte, de changer de position ou de situation. Pour Georges Dantiz et Serguei Bouka, ce changement de contexte a été induit par leur ignorance causée par un retard ou une absence d’informations.

Par exemple, une façon assez efficace de changer de cadre de référence est de se voir soi-même. Comment ? Par l’enregistrement audio ou vidéo, qui permet de se rendre compte de nos agissements, de notre comportement ou de nos mots dans un autre contexte. Si vous lisez l’anglais, vous avez un très bon article sur ce sujet « The Power to see Ourselves » Paul J. Brouwer dans le Harvard Business review 1964. [5] Ce principe est très utilisé en coaching d’entreprise et en sport. Le psychologue et célèbre thérapeute Carl Witaker [6] utilisait aussi cette technique de l’enregistrement pour changer le cadre de référence de ses patients en thérapie familiale. Avantage supplémentaire : pas besoin de dire quoi que ce soi, les patients prennent conscience d’eux-mêmes des comportements à problèmes et des solutions à apporter : « Oh ! Mon Dieu, j’agis comme cela ! C’est insupportable ! » Le changement était alors souvent immédiat et radical pour un minimum d’énergie dépensée! Simplement magique.

Vous me direz : « Je me vois mal filmer ou enregistrer mes élèves ». Très juste. Il y a bien d’autres moyens. Comme celui que vous avez à disposition et que vous pouvez utiliser : faire découvrir leur profil d’apprentissage via le test.

Réfléchissez un instant : sans dire quoi que ce soi, en quelques minutes vous permettez  à vos élèves de découvrir comment ils apprennent vraiment. Les élèves ont une vision d’eux-mêmes plus réaliste et valorisante. Vous voyez, on passe du cadre de référence limitant de l’« intelligent » ou « pas intelligent » à un autre plus dynamisant : ma façon d’apprendre est particulière, elle ne colle pas si bien à un cursus scolaire classique.

C’est alors que des changements peuvent s’opérer chez l’élève et notamment sur sa motivation. C’est très puissant.

Les élèves se découvrent, prennent conscience qu’ils peuvent apprendre différemment. Avec, leurs lacunes accumulées au fil des années, ils ont l’explication à leurs difficultés : leur façon d’apprendre ne correspond pas aux systèmes classiques qui ne peuvent pas s’adapter à tous.

NOTA : Vous pouvez utiliser la partie gratuite du test pour découvrir les profils de compréhension ; visuel ; auditif ; kinesthésique. C’est souvent suffisant.

Vous vous souvenez de ma conférence du lycée lillois: vous comprenez maintenant pourquoi le jeu de la grenouille a permis un changement de cadre de référence puissant. D’ailleurs si vous le réaliseriez en ignorant cette dimension il y aurait une perte d’efficacité.  C’est pour cela qu’il y a une façon de faire ce jeu.

 

Une démarche volontaire

 

Une précision importante : le changement de cadre de référence fonctionne bien si elle provient d’une démarche volontaire de la personne. Quand Carl Witaker ou un coach en entreprise utilise les enregistrements, les patients ou les stagiaires donnent bien entendu leurs accords. Rien n’est fait à leur insu.

Il est en est de même quand vous faites passer le test. Gardez le même esprit, éviter de donner le sentiment de l’ imposer.

Alors bien sûr vous ne pouvez pas dire : « Je vous propose de passer le test si vous le voulez. » Peu d’élèves qui vous écouteront.

Simplement, demandez à faire le test sans aller au-delà des résistances qui pourraient se manifester parmi vos élèves ou stagiaires. Certains ne l’ont pas fait ? Contentez-vous d’un rappel. Autrement tant pis pour eux et continuez avec ceux qui l’ont réalisé. J’y reviendrais dans un autre article.

C’est pour cela qu’il est mieux de faire passer le test aux élèves chez eux, à la maison.

Je sais, faire passer le test dans une salle informatique a l’avantage d’avoir le profil de la classe dans l’immédiat et d’avoir le profil de tous les élèves. Mais le regard des autres et l’obligation de faire le test en groupe réduisent le sentiment d’être volontaire et donc l’effet du changement de cadre de référence.

 

Quelle efficacité attendre ?

 

Vous me direz : « Mais Jean-François, est-ce que le changement de cadre référence réussit à tous les coups ? Si je fais ce jeu de la grenouille à mes élèves par exemple, vais-je susciter ce changement, vais-je avoir des élèves plus motivés ? »  La réponse n’est pas si tranchée et je vais vous décevoir.  Cela dépend beaucoup de l’ancrage des filtres limitants chez l’élève. S’ils sont superficiels, le changement peut-être immédiat ou être plus long lorsque ces filtres  structures la personnalité de l’élève. Parfois vous aurez des changements rapides et visibles et parfois vous ne verrez rien. Oui, je sais, je tue un peu le côté magique.

Mais, ce n’est pas parce que vous ne voyez rien dans l’immédiat que votre action a été vaine ou inutile. Simplement pour certains élèves ce n’est pas le bon moment. Voyez le processus comme une graine que vous semez. Elle peut atterrir sur un terrain fertile  ou sur un terrain aride et poussera aux prochaines pluies. Votre action aura un effet différé. Le déclic chez ces élèves se fera plus tard. Au moins vous aurez agi et fait ce que vous avez pu.

Combien de fois j’ai revu des élèves plusieurs années après, dont certains m’avaient amené la vie dure, et qui me disent « Parfois, je repense à ce que vous nous disiez en cours. Cela fait sens maintenant. Avant j’étais bien bête. » Là je corrige immédiatement : « Avant vous étiez dans un autre contexte où vous ne pouviez pas en avoir conscience. » La vie et son lot d’épreuves ont rendu le terrain fertile. La graine semée, quelques années auparavant, a pu pousser. Voilà un doux moment de satisfaction intérieur qui récompense vos efforts.

Quels résultats attendre en termes de résultats scolaires ? La moyenne augmente-t-elle par exemple ? Une enquête de l’EHPEC  (école du supérieur) qui a pu constater que le simple fait de connaître son profil d’apprentissage via le test a permis une augmentation significative des résultats académiques chez les élèves, surtout ceux en difficulté. [6]

Si vous enseigner en école primaire, le contexte est différent. Certes, le test peut être dans votre cas difficilement utilisé surtout si vous avez des enfants qui maîtrisent mal la lecture. Mais ils n’ont pas encore construit un cadre de référence avec des schémas limitants. Rare sont d’enfants en grande difficulté. C’est un gros avantage. Vos paroles ont plus de portée car vous avez la figure d’autorité (au sens du savoir) du maître ou de la maîtresse.

Concernant la formation pour adultes, le problème est que le cadre de référence peut être très limitant, souvent inconscients. D’où la nécessité d’avoir des stagiaires volontaires et motivés pour avancer.

Voici des moyens pour changer de cadre de référence

Ne pas savoir que c’est difficile ou impossible

Effet de mimétisme : une personne  l’a fait donc possible. Cas courant est l’entrepreneuriat

Le jeu

Enregistrement / vidéo ou audio pour voir de l’extérieur (en état dissocié) son comportement pour en prendre conscience et changer

Découvrir son profil d’apprentissage via le test (vous pouvez vous contenter de la partie gratuite des profils de compréhension).

Apprendre dans un autre cadre, comme le cadre professionnel (exemple de Louis Renault).

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Et vous ?

> Quel(s) moyen(s) utilisez-vous pour procéder à un changement de cadre de référence ?

Indiquez vos réponses dans un commentaire (cela me permettra d’y répondre).

 

 

 

Texte : Jean-François MICHEL

( Auteur « Les 7 profils d’apprentissage » Ed.Eyrolles 2005, 2013 )

 

 

[1] “An Interview with George. B. Dantzig: the Father of Linear Programming”, by Donald J. Albers, coll. Math., J. 17, September 1986

[2] Winning the Mind Game: Using hypnosis in sport psychology  De John H. Edgette, (docteur en psychlogie) et Tim Rowan (Directeur de la chair des sciences sociales et comportementales et professeur au Allegany College of Maryland).

[3] L’effet Pygmalion / effet Rosenthal

[4] Biais psychologique de confirmation d’hypothèse

[5] Whitaker, C.A. & Malone, T.P. (1953). The Roots of Psychotherapy. New York: Blakiston.

[6] « The Power to see Ourselves » Paul J. Brouwer Harvard Business review 1964. : https://hbr.org/1964/11/the-power-to-see-ourselves.

[7] Bachy, S. et Alen, I. (2017). Profils d’apprentissage : impacts sur les résultats académiques. IX° Colloque Questions de pédagogies dans l’enseignement supérieur. Grenoble, 13- 16 juin 2017.

Pour avoir accès à l’étude cliquez ici

 

6 Commentaires

    • Bonjour,
      Merci! pour votre message. Non ce n’est pas possible. Le test est un algorithme assez compliqué qui calcule le résultat en fonction des réponses données. Donc impossible sur papier.

  1. Bonjour Monsieur Jean-François
    Vous affirmez que « Le cadre de référence («frame of reference » en anglais) est un ensemble complexe d’hypothèses et d’attitudes que nous utilisons pour filtrer les perceptions afin de créer un sens ». Mais je voudrais d’abord expliciter ma compréhension du changement de cadre de référence en m’appuyant sur cette définition et mon expérience personnelle.
    En effet, depuis 1993 je suis sur le terrain de l’enseignement et de la formation. J’ai une maîtrise ès lettres option linguistique et une maîtrise en développement et éducation des adultes. J’ai reçu une formation en ligne sur l’évaluation, le bilinguisme équilibré, l’interculturalité et l’interdisciplinarité. Ensuite j’ai suivi une formation continue de formateur des formateurs et celle des gestionnaires de la formation. Suite à ces formations et avec l’expérience capitalisée, j’ai été chargé de gérer un certain nombre de modules du niveau supérieur.
    L’administration de l’institut dans lequel je travaille classe les formateurs en deux catégories : les enseignants chercheurs et les professionnels. J’appartiens à la seconde catégorie. Et j’apprécie beaucoup les spécialistes qui sont à l’aise dans leur domaine. Je voudrais en être un en m’exerçant et en explorant les travaux des spécialistes en lien avec les prestations qui relève de ma spécialité. C’est dans le cadre de cette exploration que j’ai découvert vos travaux comme j’ai découvert, avant, les travaux de Philippe Meirieu, Philippe Perrenoud, Richard Feynman, Caroline Brassard, Amaury Daele, Christelle Lison, Xavier Roegiers, Daniel Hameline, et des sites ou revues comme Openclassrooms ou Pratiques entre autres. Tout cet effort entre, je le pense, dans le changement de cadre de référence ; puisque avant tout, avec la formation que j’ai reçue j’ai des perceptions de ce que je dois faire en tant que formateur. Mais en contact avec tous ces spécialistes qui viennent s’ajouter à mes formateurs du niveau local, ces perceptions évoluent et s’améliorent. De façon plus concrète, je me dis que je suis différent d’un enseignant-chercheur. Celui-ci, après le second cycle universitaire, a fait des travaux (thèse) en tant qu’étudiant ; il a fait également des travaux en tant qu’enseignant-chercheur (articles de recherche). Tous ces travaux ont été appréciés et/ou validés par des spécialistes avérés. A cet effet, j’ai l’explication de certaines de nos différences. Même si j’ai un profil d’apprentissage identique à celui d’un enseignant-chercheur, je suis appelé à faire « l’autodidacte » et apprendre autrement afin de renforcer mes capacités puis que je tiens à améliorer mes prestations.
    Monsieur Jean-François, vous avez dit que « […] le changement de cadre de référence fonctionne bien s’il provient d’une démarche volontaire de la personne.» (sic). Le changement de cadre que je cherche est volontaire. Mais au-delà de ce caractère volontaire tel que décrit, ce changement correspond-il à celui que vous avez expliqué ?
    Effectivement, comme vous l’avez dit, l’une des premières actions que nous faisons pour motiver nos étudiants, c’est d’améliorer le contenu de nos cours. Mais nous nous rendons compte que ce n’est pas évident. Et c’est pourquoi nous sommes toujours à la recherche des stratégies, techniques ou astuces afin de rendre nos interventions plus attrayantes, plus motivantes.
    Concernant les moyens pour changer le cadre de référence, j’ai mes pratiques personnelles relativement au renforcement de mes propres capacités. Vos appréciations me guideront davantage et me permettront de les améliorer afin de les adapter à ma pratique au cours de la formation des formateurs.
    Sur le terrain de la formation, la question de ˵ difficulté ou impossibilité˶ peut nous préoccuper. Mais généralement, tant que c’est nécessaire pour la réussite de nos activités professionnelles, nous persévérons même si nous devons faire recours aux aides extérieures.
    Pour le second aspect, je ne parlerai pas de mimétisme. Ma pratique consiste plutôt à m’inspirer des conseils de mes formateurs et des travaux d’autres spécialistes, principalement ceux des sciences du langage ou des sciences de l’éducation ou encore ceux de l’ingénierie de la formation.
    Concernant les jeux, je ne les utilise pas habituellement. Je n’en suis pas doué. Mais je suis un fervent praticien de la simulation.
    Je dois aussi préciser que j’adore m’enregistrer et m’écouter même si je n’ai jamais eu l’opportunité de le faire moi-même. Mais j’ai été enregistré par un bailleur au cours d’une de mes prestations de formateur des formateurs. L’écoute de cet enregistrement m’a aidé dans le cadre de mes activités de formateur.
    Par ailleurs, je vous rappelle que je connais déjà mon profil. Je cherche d’abord à m’en servir au cours de l’apprentissage entrant dans le cadre du renforcement des mes capacités.
    Monsieur Jean-François, j’apprends beaucoup dans le cadre professionnel. J’apprécie suivre des formations qui sont en lien avec mes activités de formateur des formateurs. Il m’arrive de solliciter une place d’auditeur libre dans une formation à laquelle je n’ai pas été invité comme participant.
    Cordialement

    • Bonjour,
      Merci pour votre message.

      Sur le cadre de référence la définition qui est la plus représentative est celle-ci : « un cadre de référence est un prisme à travers laquelle nous voyons les choses. Ce cadre peut être aidant ou limitant. »

      Même si j’ai un profil d’apprentissage identique à celui d’un enseignant-chercheur, je suis appelé à faire « l’autodidacte » et apprendre autrement

      Si vous apprenez autrement, c’est que vous avez une profil d’apprentissage bien différent d’un enseignant-chercheur. Dans le modèle des 7 profils d’apprentissage, vous avez 84 façons d’apprendre différentes et plus de 7.000 si on considère les profils secondaires. Statistiquement, il est assez rare d’avoir le même profil d’apprentissage qu’un personne. Disons qu’il s’en rapproche souvent, mais avec des différences.

      Mais au-delà de ce caractère volontaire tel que décrit, ce changement correspond-il à celui que vous avez expliqué ?

      Oui, dans le sans où l’élève en difficulté n’est plus freiné ou bloqué par ses schémas limitants, vu que l’environnement (d’apprentissage) est nouveau.
      Si le changement de contenu d’un cours pour être le plus proche de la compréhension de son élève est louable et va dans le bon sens, parfois le prisme de l’élève est si limitant, que vos efforts d’enseignant ne mène à rien. Ce qui est frustrant j’en conviens.

      Ma pratique consiste plutôt à m’inspirer des conseils de mes formateurs et des travaux d’autres spécialistes, principalement ceux des sciences du langage ou des sciences de l’éducation ou encore ceux de l’ingénierie de la formation.

      C’est une bonne chose. Une précision toutefois : rien de mieux que de s’inspirer et de décortiquer ceux qui obtiennent des résultats concrets. On trouve bien sûr des spécialistes, mais pas que.

      Enseignant, je me suis inspiré des méthodes de mon professeur de théâtre qui n’avait aucun diplôme ou formation spécifique. Il était animé par une passion de transmettre assez palpable.

      Il obtenait, en peu de temps, des résultats époustouflants de ses élèves (dont j’ai la chance d’avoir fait parti). Et, on comprend pourquoi il avait plus de 300 demandes chaque année pour seulement 15 places.

      Bien cordialement.

      Jean-François
      .

  2. Bonjour!
    J’ai commandé votre livre et mon libraire me dit qu’il va être de nouveau dispo dès avril. Est-ce que l’info est correcte car j’ai hâte de vous lire ? !

    • Bonjour,
      Merci beaucoup pour votre message! Le livre a été en rupture de stock suite à la nouvelle édition qui va paraître en avril. L’info de votre libraire est correcte.
      Bien cordialement,
      Jean-François

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