Dernière modification de l’article le 14 juin 2016 par Admin

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Quelle efficacité du programme d’entraînement cérébral ? Quelles sont les fausses idées ? Peut-on constater une amélioration significative des performances intellectuelles notamment de la mémoire ?

Fausse idée : le cerveau comme un muscle

L’argument est souvent le même, « le cerveau est comme un muscle et il faut l’entraîner… ». Mais une de nos études avec Sonia Lorant de l’université de Strasbourg (2008) sur des élèves de dix ans a montré sur six tests (scolaires ou issus d’un test d’intelligence) que lorsqu’il y avait un effet d’entraînement pour un programme d’entraînement cérébral sur console ou un autre programme d’entraînement cérébral ludique, l’effet était faible et non supérieur à un groupe contrôle (sans entraînement) ou à un groupe qui ne s’entraînait qu’à des jeux papier-crayon (magazine pour enfants). Des résultats négatifs analogues ont été montrés sur une large population de il 430 participants adultes (âge moyen d’environ 40 ans).

Grâce à un programme de « gym-cerveau » de la télévision britannique, une équipe de Cambridge (Owen et al., 2010) a comparé un entraînement dans trois groupes. Les groupes expérimentaux s’entraînent à des tâches de raisonnement, d’attention, de mémoire, et de mathématiques, tandis que le groupe contrôle répond à des questions de connaissances générales.

Aucune amélioration

Une série de tests (raisonnement, mémoire…) est donnée avant et après l’entraînement. Mais aucune amélioration n’est trouvée.

D’une façon générale (Lieury, 2010), les études sur les méthodes de stimulation cérébrale ou de mémoire montrent qu’il faut qu’un nouvel apprentissage ressemble beaucoup à l’entraînement pour qu’il y ait un bénéfice. Par exemple, s’entraîner à faire des associations phonétiques améliore l’apprentissage de couples de mots, mais pas la mémoire des chiffres. La raison en est la complexité du cerveau avec ses 200 milliards de neurones ; s’entraîner sur une activité de calcul ne bénéficie pas à une autre région du cerveau (ex. mémoire des visages) et les connexions entre neurones sont certainement si spécifiques qu’elles ne sont pas interchangeables.

En conclusion, mis à part les logiciels éducatifs spécialisés, les programmes de « gym-cerveau » ne sont que des jeux. Ils ne sont pas prêts de remplacer les programmes scolaires et les activités professionnelles qui, par leur variété et leur durée, assurent une vraie stimulation cérébrale.

 

Texte et extrait : Alain LIEURY

 

 

Alain Lieury était Professeur émérite de psychologie cognitive à l’université Rennes 2. Auteur de plus de 20 ouvrages, il a notamment publié chez Dunod le manuel visuel de licence Psychologie cognitive (2008), Psychologie de la mémoire (2004), Mais où est donc ma mémoire (2005). (Voir article Wikipédia)


 

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