Dernière modification de l’article le 13 novembre 2017 par Admin

Est-ce que le fait d’écouter ou de faire de la musique, comme la pratique d’un instrument, permet d’élever son QI ? À cette question les chercheurs ont essayé de répondre . Il faut faire quelques distinctions.

L’écoute de la musique : l’effet Mozart

Il y a d’abord eu l’étude de l’effet Mozart. Qu’est-ce que l’effet Mozart ? En 1993 les chercheurs ont pensé démontrer que le fait d’écouter du Mozart durant au moins 10 minutes permettrait de développer certaines aptitudes telles que le raisonnement dans l’espace ou d’avoir une meilleure disposition d’esprit. Finalement ces conclusions semblent rejoindre celle de la musicothérapie (1) : l’écoute de sons harmonieux favoriserait un certain bien-être. Bref, la musique aurait des vertus thérapeutiques. Mais les chercheurs ne sont pas tous unanimes sur l’effet Mozart : certes la musique de ce compositeur entraîne une meilleure disposition d’esprit, une relaxation, mais rien ne prouve qu’il y a un effet bénéfique sur l’intelligence.

Des chercheurs (Jakob Pietschnig, Martin Voraceket Anton K. Formann) de l’Institut de recherche fondamentale en psychologie de l’Université de Vienne, ont voulu en savoir plus sur l’effet Mozart.  Ils ont mené une étude statistique de l’ensemble de la littérature scientifique disponible concernant 39 études avec plus de 3000 tests de personnes sur ce thème. Leurs conclusions sont publiées  la revue Intelligence (1) . Leur avis est sans appel : il n’existe aucun lien précis entre l’écoute de musique classique et l’amélioration de la représentation spatiale et des capacités cognitives.

La pratique de la musique et le développement de l’intelligence

Il n’y a rien de surprenant à penser que la pratique d’un instrument et du solfège permet d’acquérir des aptitudes directement liées à la musique, comme une meilleure acuité auditive, une capacité de différenciation du son. Mais qu’en est-il des effets sur des aptitudes qui n’ont pas de lien direct avec la musique ? Plusieurs chercheurs, notamment en neuropsychologie, ont travaillé sur les effets de la musique sur le développement du cerveau de jeunes enfants. Ils ont, entre autres, montré le lien avec certaines aptitudes, comme la mémoire verbale, la lecture, la concentration par exemple.

Mais la mini-révolution vient des conclusions de l’universitaire canadien Glenn Schellenberg (2) qui a démontré que la pratique de la musique par de jeunes enfants permet de développer plus rapidement leur coefficient intellectuel.

Ces conclusions se basent sur l’étude de 144 jeunes élèves âgés de 6 ans (dont l’anniversaire se situe de janvier à octobre) et qui ne sont pas encore rentrés en première année d’école primaire. Durant 36 semaines ceux-ci prennent régulièrement des cours de piano et de chant au conservatoire de Toronto avec des professeurs différents. Le constat est sans appel : ces enfants voient leur QI progresser plus rapidement que ceux qui n’ont pas suivi de cours de musique. Le lien entre la musique et le développement de l’intelligence serait donc mis en évidence.

Parallèlement aux conclusions de Glenn Schellenberg, il avait été auparavant établi que le fait d’aller à l’école permet une augmentation significative du QI. Et cet effet positif de l’école est d’autant plus important que les classes sont petites. La musique ne fait que donner un coup de pouce supplémentaire à la progression du QI. Comment expliquer ce phénomène ? Parce que jouer d’un instrument ou chanter permet de travailler des capacités peu sollicitées durant la scolarité. D’ailleurs Schellenberg en conclut, en toute logique, que des activités extra-scolaires comme les échecs peuvent avoir des effets similaires à la musique sur le développement du QI.

 Faut-il inscrire son enfant au conservatoire ?

Alors, faut-il inciter tous les enfants à faire de la musique et les envoyer au conservatoire ? Non, ce n’est pas parce qu’un enfant suit des cours de musique que cela fera de lui un surdoué, un génie ! Dans ce lien entre la pratique de la musique et le développement de l’intelligence, il faut être plus précis.

Les 144 enfants qui ont suivi les cours de musique ont vu leur QI progresser de 7 points seulement alors que les autres (de la même scolarité et qui n’ont pas fréquenté le conservatoire) ont eu une progression de 4. Donc il y a un bénéfice de 3 points. En fait, si la différence entre les 2 groupes d’enfants est réelle, elle n’est pas vraiment énorme. Il faut savoir qu’un QI moyen se situe à 100. 130 est le début de la surdouance. Et puis n’oublions pas qu’il est beaucoup discuté de la signification du QI. Cet indicateur mesure-t-il vraiment l’intelligence ? Il y a vraiment débat. Doit-on prendre aussi en compte le QE (le coefficient émotionnel) ? Enfin, gardons à l’esprit que beaucoup d’enfants surdoués se trouvent dans une situation d’échec scolaire.

Pour en revenir à l’étude de Glenn Schellenberg, celle-ci a le mérite de montrer qu’il y a un effet de transfert dit « éloigné » (Traduit par « far transfer » en anglais). C’est-à-dire que le lien entre la pratique d’une activité et les aptitudes sur lesquelles elle agit est bien éloigné. Pourquoi est-ce important ? Parce que toute la politique d’éducation dans les pays industrialisés repose sur cette croyance. En d’autres termes on ne fait pas travailler l’histoire, la géographie, les langues étrangères, les mathématiques aux écoliers uniquement pour obtenir une compétence dans ces matières, pour savoir compter, pour avoir un minimum de culture générale, mais aussi pour développer la capacité de raisonnement et de discernement (ce que l’on appelle aussi l’esprit critique). Donc, plus que l’effet vertueux de la musique sur le développement du QI, l’étude de Glenn Schellenberg valide le fondement du système éducatif occidental.

Faut-il faire des enfants des musiciens ?

N’envoyez pas votre enfant au conservatoire pour qu’il soit plus intelligent, pour qu’il devienne le premier de l’école ou encore qu’il puisse s’extirper de l’échec scolaire ! Vous risquez d’être déçus. Votre décision de lui faire pratiquer de la musique doit être motivée par la volonté d’épanouir ses sens, de sortir un peu du cadre purement scolaire pour inciter son éveil intellectuel. Et puis n’a t-on jamais éprouvé le regret de ne pas avoir appris à savoir jouer d’un instrument ou de ne pas avoir persévéré, lorsque l’on était jeune, ne serait-ce que pour pouvoir mettre un peu d’ambiance en soirée 

(1) Publication Science Direct : Pietschnig, Jakob, Voracek, Martin & Formann, Anton K. (2010). Mozart effect -Shmozart effect : A meta-analysis. In : Intelligence (2010). Voir : http://dx.doi.org/10.1016/j.intell…..

(2) Schellenberg E.G – 2004 « Music Lessons Enhance IQ »: http://journals.sagepub.com/doi/abs/10.1111/j.0956-7976.2004.00711.x

(3) La musicothérapie est l’utilisation de la musique dans un but thérapeutique. Comment ? Par l’intermédiaire du rythme, du son, de la mélodie, de l’harmonie. La musicothérapie n’a pas de père fondateur à proprement parler. Les Grecs, durant la période antique, utilisaient déjà la musique dans un but de relaxation et d’une meilleure connaissance du soi.

 

Article et texte : Jean-François MICHEL (Auteur « Les 7 profils d’apprentissage Éditions Eyrolles 2005, 2013)

 

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